La société créée en 1824 à Jarnac a des origines anciennes. Elle n’y fait pas référence, préférant fêter son anniversaire sans tapage, avec une certaine élégance. Elle se joue des modes et du temps.
Les vieilles dames sont coquettes. Elles cachent parfois leur âge. Prenez la maison de cognac Delamain à Jarnac, qui fête aujourd’hui son bicentenaire. En réalité, l’affaire a des origines bien plus anciennes, des racines plus profondes…
Son fondateur, James Delamain (1738-1800), s’établit en France sous le règne de Louis XV. Ce huguenot fuyant l’Irlande se fixe à Jarnac en 1762, où il retrouve la terre d’un aïeul saintongeais et se lance dans le commerce des eaux-de-vie. En 1763, il crée avec son beau-père Jean-Isaac Ranson la société Ranson & Delamain. Avec ses douze alambics et ses solides réseaux commerciaux en Irlande et en Europe du Nord, l’entreprise prospère. Exportant à Dublin, Londres, Rotterdam et Hambourg, elle compte parmi les plus influents négociants charentais de la fin de l’Ancien Régime.
Aujourd’hui, Delamain aurait donc 261 ans, pas 200 ? L’histoire n’est pas aussi simple ! Les soubresauts de la Révolution française, les aléas économiques et le jeu des liens familiaux la compliquent à foison. À la mort de James Delamain en 1800, c’est son gendre, le jeune Anglais Thomas Hine, qui reprend les rênes de l’entreprise, la liquide en 1817 et prend son envol sous la bannière Thomas Hine & Co. L’aventure Delamain, quant à elle, rebondit sous les patronymes Roullet & Demain en 1824 et Delamain & Co en 1920, avec d’autres descendants de James Delamain.